Osez les paroles

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  • Le mois de janvier et le mythe du prédateur conjugal

    Le 4 janvier est passé, lui qui est surnommé le “le jour du divorce”. Faut-il considérer le mois de janvier comme un tueur en série de sentiments fauchant les mariages ? 

    En tant que médiatrice familiale, j’observe chaque année une certaine effervescence autour de la problématique du divorce ou de la séparation en janvier. Les chiffres ne sauraient mentir et depuis Noël j’ai pu observer une augmentation significative de la consultation du site d’Osez les paroles. 

    Cette tendance a piqué ma curiosité. Examinons ce phénomène de plus près et en nous appuyant sur des faits concrets plutôt que sur des idées reçues qui font du mois de janvier et le divorce, un mythe ou alors une réalité. 

    Les chiffres du divorce en France 

    Le nombre de divorces en France a connu une baisse significative ces dernières années. En 2016, on comptait environ 128 000 divorces et ce chiffre a drastiquement diminué jusqu’à environ 57 900 en 2020. 

    Le divorce par consentement mutuel est devenu la forme la plus courante du divorce et représente plus de la moitié des cas depuis 2017. Le divorce pour faute, quant à lui, ne représente plus que 6 % des cas aujourd’hui. 

    La majorité des divorces surviennent entre 5 et 15 ans de mariage. Mais c’est entre 39 et 59 ans qu’on divorce le plus (64 % des divorces). 

    Mais si on divorce moins c’est aussi qu’on se marie moins. Le nombre de mariages a diminué d’environ 21 % depuis 2000. En 2000, il y avait environ 300 000 mariages par an alors qu’en 2023, l’estimation qui en est faite de 242 000. 

    Le PACS (pacte civil de solidarité) est devenu une alternative au mariage. En 2022, environ 210 000 PACS ont été conclus, se rapprochant par là même du nombre de mariages. 

    Le taux de nuptialité en France est l’un des plus bas d’Europe, avec 3,2 mariages pour 1 000 habitants. 

    Quant à la proportion des naissances hors mariage, elle a augmenté de presque 30 % ces 30 dernières années. 

    Le contexte particulier de janvier 

    Janvier...Ce sont les bonnes résolutions du Nouvel An. 

    Souvent, les personnes qui étaient déjà en situation de séparation, de divorce ou simplement traversant une période de mal être dans leur couple envisagent une nouvelle vie et prennent des décisions...des résolutions en ce début d’année. 

    C’est le moment pour faire le bilan de l’année écoulée. 

    Et même si les fêtes de fin d’année appellent la magie de Noël, (il suffit de regarder le nombre de téléfilms heureux sur des relations de couple à cette période), cette période peut exacerber les tensions familiales. En réalité, les problèmes de couple peuvent avoir été mis en pause le temps des fêtes mais ils refont surface avec encore plus de vigueur, poussant alors certain(e)s à réfléchir à la séparation ou au divorce. 

    Parfois, les dépenses liées aux fêtes peuvent également créer des tensions financières au sein du couple poussant alors à envisager une séparation ou un divorce. 

    Qui plus est, le mois de janvier est un mois clef pour les impôts. L’année fiscale, en France, coïncide avec l’année civile, le passage à l’imposition séparée peut avoir un impact sur le montant des impôts à payer. Le quotient familial est aussi recalculé en fonction de la nouvelle situation familiale (le parent qui a la résidence de l’enfant avec lui a généralement droit à un quotient familial plus élevé). 

    La médiation familiale en réponse 

    Face à ces réalités, la médiation familiale joue un rôle crucial tout au long de l’année.  

    Elle offre un espace de dialogue neutre et bienveillant. 

    Elle aide à clarifier les besoins et les attentes de chacun. 

    Elle facilite la recherche de solutions sur mesure et mutuellement satisfaisantes.  

    Elle est utile pour préparer l’avenir surtout en présence d’enfants. 

    L’accompagnement dans la relation et la séparation 

    Si la médiation familiale n’est pas envisageable ou envisagée, l’accompagnement individuel dans la relation et la séparation joue un rôle fondamental pour vous aider à traverser et à surmonter cette période. 

    Il faut être réaliste : vous n’êtes pas votre divorce ou votre séparation ! 

    Cet accompagnement individuel offre un espace sécurisant où vous pouvez exprimer librement vos émotions et préoccupations sans craindre un jugement quelconque. 

    Il permet d’explorer en profondeur les sentiments liés à la séparation ou au divorce : tristesse, colère, anxiété... 

    Cela permet de prendre du recul sur la relation et analyser les dynamiques qui ont conduit à cette séparation ou au divorce. L’accompagnement individuel amène à une relecture de son histoire personnelle et conjugale et permet ainsi de mieux comprendre sa propre part de responsabilité parfois et d’identifier les schémas relationnels à améliorer. 

    L’accompagnement individuel aide alors à renforcer l’estime de soi et ainsi mieux communiquer. Ces compétences sont précieuses pour traverser cette période de séparation et de reconstruction pour l’après. Par conséquent, il permet de prendre des décisions éclairées sur l’avenir de la relation. 

    Et même si un seul des partenaires est accompagné, les bénéfices de cet accompagnement peuvent rejaillir sur l’ensemble du couple. Quand l’un des conjoints réussit à se remettre en question, cela a de l’influence sur le couple en le poussant à se repositionner autrement et réfléchir pour parvenir à une meilleure dynamique d’évolution. 

    Alors OUI, il y a bien un pic de l’intérêt pour les séparations / divorces en janvier. Et si un mythe, simple construction humaine contraire à la fatalité divine, peut servir d’outil pour comprendre et donner du sens à une séparation ou un divorce. Alors je dis que OUI janvier est une serial killer matrimonial qui frappe sans pitié les unions fragiles ! 

    Et si le mythe vous a rattrapé, osez demander de l’aide ! Vous n’êtes pas seul(e) ! 

    CM

  • Et maintenant le toi+moi, à quoi cela correspond-il ?

    Et maintenant le toi+moi, à quoi cela correspond-il ?

     

    Au moment où j’ai décidé d’écrire ce billet, un air m’est revenu en mémoire…Toi plus moi, plus eux plus tous ceux qui le veulent.Plus lui, plus elle plus tous ceux qui sont seuls. Allez venez et e ntrez dans la danse. Allez venez, laissez faire l’insouciance (Toi plus moi de Grégoire).

    Toi et moi correspond au nous. Depuis des années, le couple représente un idéal où 2 personnes se fondent quasiment dans le sens littéral du terme. La tendance était de tout faire ensemble et d’avoir assez peu d’indépendance. Dès lors dans l’entendement, le couple est un facteur de stabilité.

    Pourtant, il suffit de regarder les statistiques pour s’apercevoir que ce monument s’effondre doucement ; en 2015, 123 668 divorces ont été prononcés (Tableaux de l’économie française, Edition 2017, Insee Références).

    Sartre pensait que l’instabilité et le caractère éphémère du couple étaient inévitables puisqu’il ne s’agit là que d’une guerre des egos qui cherchent à prendre le dessus l’un sur l’autre.

    Aujourd’hui, force est de constater que nous sommes passés du « sans toi, je n’existe pas » au « je, moi et moi-même ».

    D’ailleurs, la définition du couple s’est démultipliée. Il existe une grande diversité de relations, allant du mariage jusqu’aux relations à distance à cause de contraintes professionnelles en passant par les relations dans lesquelles les 2 membres du couple définissent ensemble les règles et limites de chacun et les relations libres où chacun peut avoir toutes les relations qu’il veut avec ou sans amour, avec ou sans possession.

    La société est devenue plus indépendante et accorde moins de valeur aux liens familiaux.

    C’est également une des conséquences du contexte socio-économique. En effet, celui-ci permet d’avoir des rêves et de se battre pour les réaliser. Et ce qui s’applique dans le domaine du travail, s’applique dans la vie de couple.

    De nos jours, je suis moi, tu es toi et nous partageons un espace limité pendant un temps indéterminé.

    Le couple, l’amour se sont adaptés à une société individualiste. Nous sommes dans une ère que Marcela Iacub appelle « l’hyperindividualisation ».

    Le couple, lieu de la dépendance mutuelle voit l’aimant tiraillé entre son besoin de l’être aimé, de l’autre et sa volonté de liberté et d’autonomie. C’est là un équilibre fragile. Si l’aimant s’intéresse davantage à lui qu’à l’autre, le couple n’est plus stable mais fait l’objet d’un plus grand désir encore et devient, par conséquent, de plus en plus idéalisé. C’est alors un cercle vicieux qui s’aggrave à chaque frustration et désenchantement de l’autre.

    L’individu a procédé à la transformation de la notion même de couple pour le mettre en phase avec lui-même.

    L’individu voudrait que le moi se construise et évolue grâce à l’autre. De ce fait, l’autre ne devient que le reflet de moi ou s’intègre au moi. Mais alors c’est l’altérité même qui est transgressée et le nous est égal au moi + au reflet de moi.

    Il y a, dès lors, beaucoup de culpabilisation de l’autre et peu de responsabilité à propos du soin à donner au couple.

    Penser plus à soi qu’à l’autre n’est pas toujours synonyme de négligence de l’autre. Mais l’individualisme n’est pas toujours le meilleur équilibre entre le bien-être personnel et celui du couple car certains oublient de prendre en considération les émotions de l’autre. Les émotions sont souvent la base des conflits. Le médiateur peut intervenir dès le déséquilibre de la relation du couple ou à partir du conflit pour guider le couple afin que celui-ci retrouve une meilleure qualité relationnelle et une meilleure communication. Que l’équilibre soit rétabli et que  «  toi + moi » donne un couple serein et épanoui au quotidien !